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Je me demande quelle est la part de l'importance de l'entraînement chez un pro. Est-ce que le champion se prend la tête sur son entraînement pour progresser ou est-ce qu'il se pose surtout des questions sur les produits qu'il doit prendre.
Il faudrait un jour qu'un pro ose filmer quelques jours de sa vie sans hypocrisie, tout montrer et tout dire.

Un extrait de muscle mag. On peut se demander comment ça se passe aujourd'hui quand on voit comment c'était il y a 15 ans.

"Ce qui suit est l'interview d'un grand champion français, très sain et lucide, contraint de garder l'anonymat.


Jean Texier : Tu as essayé l'E ? Tu te piquais où ?
Champion Anonyme : Sur mes points faibles. Triceps, biceps, etc.

JT : Tu vidais une partie de la seringue seulement?
CA : Je prenais des aiguilles pour l'insuline ; ce sont de toutes petites aiguilles. Et je piquais dans le biceps, en quinconce, le biceps interne et externe. Je mets, par exemple, la valeur d'une seringue à chaque fois. Il me faut à peu près trois ampoules par bras. Mais je connais des champions qui en prennent 30, tous les jours, dans tout le corps.
Ils piquent partout : les deltoïdes, les trapèzes, les pecs, un petit peu partout.

JT : Mais ça fait mal, non ?
CA : Non, mais dès que tu t'entraînes, dès que tu commences à faire des exercices, que tu commences à contracter tes muscles, tu gonfles incroyable ; les bras de 5 cm, quand tu fais les bras. Bon, c'est bien quand tu fais une exhib, parce que t'es pas contrôlé. Pour un séminaire, des photos ou des prises de vues pour un film, c'est bon si t'es pas en forme.
Seulement, il faut le faire quand t'es à moitié sec. Sinon tu n'as pas assez de relief.
L'avantage de l'E, c'est que quand tu fais une grosse cure, tu as un acquis.
Admettons que tu te fasses trois ampoules par bras, bon tu vas faire ta séance de bras, tu vas prendre deux centimètres, deux centimètres et demi. Si tu fais ta cure tous les deux ou trois jours, tu vas avoir un bon centimètre et demi qui va rester au bout d'un mois.

JT : Oui, mais aussi parce que tu t'es bien entraîné ?
CA : Oui, parce que tu t'es bien entraîné. Mais ça va rester, et tu vas prendre des bras. Bien sûr, tu ne fais des piqûres dans les bras que les jours où tu entraînes les bras. En principe, tu te fais ça dans tes points faibles ; il y a beaucoup de gars, et aussi de filles évidemment, qui se font ça dans les mollets.

JT : Oui, les filles se font souvent l'arrière des cuisses, et l'arrière des épaules.
C'est pour cela qu'à Miss Olympia, elles ont toutes le look de bodybuildeuse, parce qu'elles se font toute une série de piqûres après avoir été contrôlées, je crois le mercredi, pour le concours qui a lieu le samedi : ça laisse le temps de faire jusqu'à 100 piqûres pour certaines vedettes !
CA : Moi, je crois que c'est un des meilleurs produits, pour un bodybuilder. Dès que t'es contrôlé, boum, tu peux y aller. Tu vas dans les chiottes, et tu ressors avec des épaules insensées. Bon, ça s'en va au bout de six heures, mais tu peux recommencer. Et ça coûte pas très cher : 20 francs la boite de 5 ampoules. Mais ici, c'est vendu à 70 balles. Pour moi, c'est un des meilleurs produits qui existent.
Parce qu'en fin de compte, il n'y a pas tellement de contre-indication. Bon, si tu veux, tu fais de la rétention d'eau dans le muscle. Bien sûr, c'est un anabo, de la f, et on peut le déceler à un contrôle ; mais je ne sais pas si le laboratoire Lafarge peut le voir. Si c'est à un championnat en Allemagne, ils ont les moyens de le contrôler ; mais ici, je ne sais pas s'ils sont capables. Parce qu'il faut que le labo soit assez compétent. Je sais qu'au championnat de France, en 1989, ils n'ont pas contrôlé le w, par exemple.

JT : C'est incroyable, parce que c'est un produit très courant : c'est le s, du st, et on en trouve facilement.
CA : Oui, mais au championnat de France, ils ne contrôle que : a, p, p, tous les produits retards, c'est-à-dire tous les déca, tous les n.

JT : Alors, ils ne contrôlent pas non plus la b ?
CA : Non, ils ne contrôlaient pas la b. Pas plus que le w ; et l'e, ils ne connaissaient pas. De toute façon, tes produits tu les élimines vite si tu les mixes : parce que si tu fais tous les jours des triplettes, de p, par exemple, il te faudra au moins six mois pour éliminer. Alors, il faut mixer tes produits : tu fais deux p, une a, puis une a, deux p ; tu vois, toujours trois produits. C'est ce que les gars faisaient tous au Weider. C'était dingue à l'époque, dans les vestiaires !

JT : Et le c, qui est-ce qui en a eu l'idée le premier ?
CA : Les gars à Paris n'étaient pas au courant, mais ceux qui habitent du côté des frontières de l'Est ont connu ce produit les premiers. C'est en voyageant à l'étranger qu'on apprend à connaître de nouveaux produits. Si tu restes dans ta petite salle, au fin fond de la France, tu n'es au courant de rien.

JT : Le c allemand, le sp, c'est un médicament pour les chevaux, ou bien pour les hommes ?
CA : C'est pour les hommes. On le donne pour soigner les asthmatiques.

JT : Mais j'ai lu qu'on s'est aperçu des effets anabolisants du c lorsqu'on en a donné à des chevaux de courses qui souffraient d'asthme. C'est en soignant l'asthme de ces chevaux qu'on s'est aperçu que le c développait leur masse musculaire et diminuait leur pourcentage de graisse. Des médecins ont eu l'idée de le donner à des malades, et on s'est aperçu que ça permettait de les retaper beaucoup plus vite. Je sais qu'en Italie, le c est un produit de la même famille et également utilisé avec succès par les bodybuilders. Aux USA, la société Nutrapharm a vendu du c authentique au printemps 91, mais maintenant ce qu'on trouve ce n'est que du faux c. Ils ne peuvent plus importer la substance, et les contrefaçons nombreuses ne sont que des molécules sans aucune efficacité.
CA : En Europe aussi, il y a eu une évolution. Au début de 91, on trouvait du s facilement en Allemagne. En pharmacie, il suffisait de demander. Mais, maintenant, c'est très difficile, parce qu'une pénurie s'est installée. Le laboratoire s'est aperçu qu'il y avait un débit monstre. Ce produit ne faisait pas un gros chiffre d'affaire et tout d'un coup tout le monde en veut. Ils n'en sont pas eux-mêmes revenus, je crois, et ils ne peuvent pas répondre à la demande des sportifs.

JT : Mais il y a des produits français presque identiques, le p ou la v, par exemple. Les gars n'en prennent pas.
CA : C'est parce que c'est pas du c. Ce n'est pas la même molécule : ça n'a pas l'effet anabolisant ; par contre, ça agit un peu comme les amphétamines, c'est un stimulant.
L'avantage du s, c'est que c'est un produit qui te fait grossir et sécher en même temps. C'est un peu comme l'hormone de croissance, mais beaucoup moins cher, et sûrement moins dangereux. Tu peux te taper des glaces, prendre de la chantilly, faire de grosses bouffes, tu restes sec et veineux. Le seul problème, c'est que tu as du mal à respirer, tu es oppressé.
C'est ce que j'ai pas compris quand j'en ai pris. C'est un produit qui est pour les asthmatiques, donc qui lutte contre l'oppression ; et il te rend oppressé.

JT : Oui, mais c'est parce que tu n'en a pas besoin. Cela te dilate les bronches tellement que tu ne peux plus respirer.
CA : Il y a beaucoup de baratin qui circule sur ce produit. On dit par exemple que c'est un produit qui a un effet retard, et que même si tu as arrêté de le prendre, tu continues à grossir. Mais, moi personnellement quand je l'ai essayé, ça m'a pas fait ça.
Moi, j'ai fait une petite cure d'un mois, à trois comprimés par jour, en arrêtant tous mes autres produits, car je voulais tester ce que ça me ferait. J'ai voulu voir si c'était vrai, et j'ai réussi à m'en procurer.

JT : Tu t'es aperçu que tu congestionnais beaucoup mieux ?
CA : Absolument, au bout de dix minutes à la salle t'es gros, énorme, veineux, des veines partout sur les cuisses. T'es pas vraiment plus fort parce que tu manques de résistance à l'entraînement, et tu ne peux pas vraiment faire des grosses barres. Tu ne peux pas t'entraîner plus d'une heure à la salle, tellement tu te sens gonflé. T'as un muscle dur, t'appuies dessus c'est dur comme du béton, et c'est insoutenable, t'es obligé de t'arrêter.

JT : Tu as soif, tu as faim ?
CA : Non, pas au début ; au début, t'as des tremblements, on dirait presque une maladie de Parkinson.

JT : Oui, on dit qu'il faut prendre du GABA, de l'acide gamma amino butyrique.
CA : Oui, ou de la vitamine PP, pour la circulation.

JT : Durant l'été 91, les gars qui en prenaient aux USA se sont mis à n'en prendre qu'un jour sur deux, ou deux jours oui, deux jours non.
Il ne faudrait pas le prendre en continu tous les jours.
CA : Moi, j'ai remarqué qu'il faut faire une cure courte. T'en fais un mois, tu bénéficies bien du produit, tu congestionnes, tu grossis et t'es devenu plus sec. Après t'es au top, faut arrêter parce que tu ne prends plus de masse ni de relief, et c'est du gâchis ; ça vaut tout de même 300 balles la boîte. Au marché noir, tu le payes même le double. C'est un produit qui te donne des résultats évidents au bout de trois jours où tu le prends.
C'est pas comme un anabo, il te faut au moins 15 jours. Tu prends une a ou du p, tu vas commencer à percevoir les effets au bout de deux ou trois semaines. Mais avec le c, trois jours ; avec des maux de tête, des problèmes au niveau de la mémoire : il m'est arrivé d'oublier mes clefs !

JT : Alors, la nuit, t'arrives à dormir ?
CA : Difficilement. Parce que t'es tout le temps oppressé. Tu restes congestionné des heures. Par contre, au niveau sexe, il faut que tu trouves une nana, parce que tu congestionnes, je te dis pas. Tu deviens un taureau !

JT : Si on dit ça aux gars, ils vont tous vouloir en prendre pour bander. Parce que tout le monde n'a pas envie d'être musclé, mais par contre, de ce côté-là, ça intéresse tout le monde.
CA : Oui, mais peut-être que ces effets sont aussi dus à l'entraînement. Parce que je ne pense pas que ça fonctionne, si tu absorbes du c et que tu ne te dépenses pas.

JT : C'est vrai qu'à l'entraînement, tu brasses du sang. Mais, tu dois quand même avoir soif finalement ? Et faim aussi ?
CA : Oui, t'es en sueur quand tu t'entraînes, t'es vraiment en nage. Et t'as toujours soif. Puis, après, tu bouffes sans arrêt, et tu ne fais pas de gras. Finalement, c'est un bon produit. Moi, je pense qu'avec un produit comme ça, on peut dire qu'il y a une alternative aux anabos. Il y a des produits qui sont bien : par exemple, tu prends e, et tu prends ça, plus du w, c'est pas méchant le w. Et puis, bien sûr, il faut prendre toutes les vitamines et les minéraux, d'un autre côté, pour ne pas perdre tes cheveux, pour ne pas perdre tes dents. Je pense que tout ça, c'est excellent pour le bodybuilder qui a du fric, et puis faut connaître quelqu'un qui te ramène l'e d'Italie, le s et le w d'Allemagne. Il faut quand même avoir des combines.

JT : Et puis c'est pas non plus évident de se faire toutes ces piqûres ?
CA : C'est sûr, tu dois être au calme, et avoir le temps. Il faut être là, faut tendre ton bras, faut préparer ton aiguille, faut piquer, faut pas qu'à ce moment-là il y ait quelqu'un qui vienne te faire chier. Parce que faut pas prendre les nerfs. Autrement, t'as le bras qui part, tu te fous le bras dans la gueule.
L'aiguille, faut quand même que tu la rentres dans le muscle, à fond, et proprement pour que ça ne dégorge pas après. Faut pas être speed pour faire ça, faut être cool.

JT : Qu'est-ce que ça fait, sur le moment, t'as une enflure tout de suite ?
CA : Non, mais au bout de dix minutes, tu sens ton muscle qui ne demande qu'à gonfler : tu contractes le muscle à vide, et rien qu'en posant ça gonfle. T'as le bras qui gonfle incroyable. Ton bras devient monstrueux.

JT : Mais il n'y pas que ça. Aux USA, les gars prennent aussi l'hormone de croissance, en plus.
CA : Oui, mais ici en France, les gars ne savent pas la maîtriser. Ils ne savent pas comment piquer, dans quel muscle, s'il faut faire une intramusculaire, etc, ils ne connaissent pas les taux d'insuline. Alors, ils écoutent un peu les sons de cloche dans toutes les salles, et font n'importe quoi. Ils foutent du fric par la fenêtre. Moi, je connais un type qui a fait les premiers pas, et qui se tapait déjà de l'hormone de croissance. Mais il n'a pas pris un kilo. Il a dépensé plus d'une brique, et pas pris un kilo.

JT : Oui, parce qu'il faut en prendre beaucoup et souvent, avec de l'insuline, et il faut coupler avec un anabo.
CA : Bien sûr. Il paraît que ça potentialise le c. Et les anabos avec le c, c'est aussi un stack très puissant.
En fait, aujourd'hui, le bodybuilder qui veut devenir gros a des tas de produits à prendre, s'il est sincère avec son désir de devenir un champion. Il y a l'e et le c, mais aussi l'a et le p, le p aussi, et le w ; t'as aussi la g et le c, le c, l'insuline et l'hormone de croissance, etc. Et tout ça pour devenir gros. Il y a des gros qui se piquent avec des grosses doses de testo, tous les jours. Il paraît que Strydom se pique à la testo directement dans les muscles.

JT : Mais c'est quand même dangereux de prendre toute cette testo. Le gars doit avoir de l'hypertension, des vergetures et de l'acné.
CA : Et puis il passe de toutes les couleurs, tantôt il est gris, tantôt il est blanc, tantôt il est café au lait. Et tu sais que les femmes, elles y viennent aussi à la testo.
Bientôt, on ne les reconnaîtra plus.

JT : Comment tu expliques que beaucoup de filles, comme Linda Murray la "femme-singe", et même des gars se font des mâchoires incroyables, alors qu'ils ne prennent pas d'hormone de croissance, à ma connaissance.
CA : Moi, je crois que ça doit être la testo qui te fait ça. C'est pas les mâchoires, en fait, c'est plutôt les glandes salivaires, je crois. Moi, je vois bien sur moi ce que ça me fait.
Les gars m'accusent d'être à l'hormone de croissance, mais j'en ai jamais pris. C'est la testo, et quand je prends des produits pour sécher, du t par exemple, ça part tout de suite. Quand je suis sec, ça part. Chaque fois que je prends du poids, avec la testo, ça revient, j'attrape une tête de grenouille, comme Haney.

JT : Un jour, j'ai demandé à Tom Platz ; il m'a dit : "non, c'est pas l'hormone de croissance." Comme il ne fait plus de compétition, et qu'il n'a aucune raison de mentir, je me suis dit que ça devait être vrai. Il a toujours nié avoir pris de l'hormone de croissance, alors qu'il a affirmé sans réticence qu'il prenait beaucoup d'anabos. Et effectivement, il perd rapidement ses fameuses mâchoires dès qu'il arrête les anabos.
CA : Oui, et même aux anabos, quand je suis au régime, que j'arrête le sel, que j'arrête le sucre, ça part. C'est une forme de rétention, en fait, et ça me fait pareil dans le cou. C'est emmerdant parce que quand je veux faire des photos, le gars me dit :
"Putain, t'as vu la tête que t'as ! T'es enflé." Quand je suis en prise de masse, je ne vais pas voir ma mère, elle va croire que je suis malade, que j'ai un cancer. Alors j'y vais pas. Quand j'y vais, je suis sec, mais alors elle dit que j'ai le sida ! Des fois, je lui montre mes muscles, ça la rend malade, elle me dit que je ne suis pas normal. Elle n'en dort pas de la nuit.
Alors finalement, je ne vais plus souvent la voir : Quand je suis sec, je n'y vais pas ; et quand je suis en prise de masse, non plus !

JT : Et au niveau des acides aminés, tu crois à une stimulation hormonale ?
CA : Oui, moi je crois à l'ornithine. L'ornicétyl en injection, ça marche, deux doubles par jour le matin à jeun, à fond la caisse. Là, tu sens la différence.
Par exemple, quand je prépare un concours où il va y avoir un contrôle, je ne peux plus prendre d'anabos, et je tourne à l'ornicétyl. Plus de l'arginine, tous ces trucs là ! Parce que, bien entendu, faut bien prendre quelque chose, même si tu n'y crois pas, tu n'as pas le choix.
Même si c'est qu'un effet placebo, tu prends, parce que il faut prendre. Et puis, si ces acides aminés ne stimulent pas vraiment ton hormone de croissance, ils sont bons pour ton foie, c'est reconnu, ça donne un petit plus, c'est sûr.

JT : Tu soignes aussi ton foie avec d'autres produits, je suppose ? Qu'est-ce que tu prends ?
CA : Je prends tout. Je me ruine avec les produits comme ça. Je prends des fortes doses d'arginine, du chophytol, du mégasthényl, et de la méthionine-inositol-choline que je me fais faire en préparation e pharmacie.

JT : Je suppose que le chophytol, tu le prends en injections ?
CA : Oui, et c'est très douloureux. Alors je mélange avec de la xylocaïne.
Parce que c'est vraiment douloureux, après t'as le cul plein de kystes, carrément. Je fais deux doubles par jour avant les compets ; avant la finale France, je prenais une matin-midi-soir, pour être vraiment écorché. En plus, t'es obligé d'arrêter la xylo, parce que ça se voit ; alors, t'es obligé de tourner sans anesthésiant.
Faut être fort, tu sais, t'as le cul, tu peux plus t'asseoir !

JT : Et le c, tu l'as arrêté quand ?
CA : Trois semaines avant la compétition. C'est vite éliminé.

JT : C'est éliminé en 72 heures. Et les anabolisants oraux, tu en prenais ?
CA : J'ai essayé, mais ça me réussit pas, ça me fait prendre de l'eau. Tout ce qui est p et tout ça, ça me fait faire de la rétention d'eau ; et puis, au niveau sexuel, zéro ! Je ne peux plus voir la boîte ! Le p non plus, d'ailleurs. Mais l'avantage du p, c'est que tu peux tourner dessus jusqu'à au moins deux semaines avant le contrôle. Mais disons que les anabolisants oraux, c'est pas le pied. Sauf peut-être le p.

JT : Et les anabolisants pour administration percutanée, genre a ?
CA : Ce sont des gadgets. En plus ça te donne une peau vilaine.

JT : Et les glossettes, le g ?
CA : Oui, les gars en prenaient, mais ça ne se fait plus. C'était plus placebo que réellement efficace. Le top aujourd'hui, c'est le c ; ça, avec un peu de w, un peu d'e, un peu de p cachets.

JT : Pas de testo, genre a ?
CA : Non, parce que tu vas mélanger des produits à huile avec des produits aqueux. Et il ne faut pas faire des mélanges comme ça. Tu ne peux pas mettre tes produits dans la même seringue. Et il paraît qu'il y a une incompatibilité au niveau de l'action des molécules.

JT : Alors, tu n'a pris de la testo qu'à tes débuts, pour prendre de la force ?
CA : Oui, mes débuts, pour prendre de la masse ; et maintenant, en période de prise de poids. Disons, tu prépares une saison un an à l'avance ; donc, un an avant, tu te prépares, puis tu l'arrête quand il faut.

JT : c'est vraiment un sport très dur, parce que tu rentres dans un engrenage infernal sans être assuré d'y gagner quelque chose.
CA : Oui, c'est chiant. C'est fini pour moi le calvaire. Et puis, au niveau fédés, c'est pas juste, il y a trop de magouilles.
T'es sur scène, tu vois des juges des fois qui dorment. Tu les vois, ils s'en foutent. Et puis, les contrôles, quelle foutaise ! Moi, de toute façon, j'ai toujours été très malin. Comme j'ai des relations en Suisse, je faisais toujours faire mes contrôles par un grand professeur : je pissais dans mon bocal, ça partait en chronopost, le résultat me revenait : "Ah ! y a quelque chose, c'est pas bon. Faut éliminer : Chophytol, chophytol, chophytol !" J'éliminais, t, deux doubles, deux triples, allez on réessaie, rechronopost, ma pisse repartait en Suisse, et ça coûtait cher ! Mais je faisais mes contrôles comme ça. Je savais que j'étais clean, et s'il y avait eu une magouille pour me déclarer positif, je portais plainte !

JT : A ton avis, pour sécher, i faut faire un régime très hard, ou bien il y a des produits qu'il faut prendre ?
CA : il faut bien étudier, savoir si on a un métabolisme lent ou rapide. Il faut bien se connaître, et après le nécessaire régime sévère, pour sortir les stries, il faut commencer son rebond soit une semaine avant, soit trois jours avant. Souvent, on commence le rebond trop tard, et sur scène on est plat. Mais il ne faut pas commencer non plus trop tôt. Moi, je crois qu'il faut faire des régimes à la Serge Nubret, sans hydrates : c'est ce qui paie, pour te faire vraiment sortir les fibres. La dernière semaine avant le rebond, protéines, c'est tout.
Tu vas toujours tomber sur quelqu'un de plus sec, et après tu diras : "fleur ! Si j'avais su !" Donc, il faut mettre le paquet. Un type qui veut faire le championnat de France, il faut qu'il soit au top dès le quart.

JT : Evidemment, parce qu'après tu fais ton meilleur rebond à la finale.
CA : Ben oui, parce que se dire : "Ce n'est que les quarts, je ne suis pas gras, c'est pas grave. A la demi, ça ira mieux." C'est faux, parce qu'à la demi, le niveau monte d'un cran.

JT : Oui, il vaut mieux être plus sec et moins gros au quart, pour regrossir après en restant sec jusqu'à la finale. Moi, quand j'ai gagné France, j'étais toujours plus gros en finale qu'au quart ; et j'étais encore plus sec, parce qu'il y avait toute la tension qui accélérait mon métabolisme.
CA : Exactement. Moi, la semaine avant une finale, je ne dors pratiquement plus, je brûle. Pourtant, j'ai toujours fait des compétitions pour m'amuser. Et c'est ça que je reprocherais à beaucoup de compétiteurs : ils prennent ça bien trop au sérieux. Mais qu'est-ce qu'ils cherchent ? Ils veulent être pros ? Qu'est-ce qu'ils pensent que ça va leur ramener ? Qu'est-ce qu'ils gagnent ? Une timbale !

JT : Les gars croient que ça va leur donner l'argent, l'amitié, l'amour, le travail, la gloire, tout quoi ! Ils croient que ça va leur donner de l'argent et des femmes, pas forcément dans cet ordre ! C'est les deux trucs qui intéressent les mecs.
CA : Oui, mais quand tu prends trop de produits, tu ne baises plus. Il y a des gars qui s'en foutent. Dans mes séminaires, je pose la question au gars : "Qu'est-ce que vous voulez vraiment ?" – "Gagner France !" Et pour cela, ils sont prêts à faire n'importe quoi, et même à ne plus baiser ! Tu leur fais un programme à 5000 balles, tu leur fais un check-list, tu leur dis : "Tu achètes ci, tu achètes ça", et ils le font religieusement. Des gars comme ça, j'en rencontre presque tous les jours. Mais ce qu'il y a, c'est que je suis un mec honnête. Il y a un mec bien salaud, le petit Pierre, qui m'a dit un jour : "Faut te vendre !" Moi, je ne suis pas une pute comme lui, je ne peux pas faire des programmes, ou des régimes pour du fric, ça me ferait chier. Je fais ça pour rien.

JT : Il y a aussi les gars qui te collent aux chaussettes, parce qu'ils veulent les ordonnances.
CA : Là, je les adresse à des toubibs cools. Ils se démerdent avec eux. Bien sûr, mon médecin de famille, si je lui demande de me donner de l'i, il saute au plafond : "Oh là là ! C'est un anabolisant, tu vas te détruire avec ça." Mieux vaut en rire, mais les médecins sont souvent comme ça, ignorants à l'impossible ; faut se pincer pour ne pas s'étrangler de rire. Mais je connais des toubibs cools, des types que j'ai éduqués.
Bon, alors ils te font faire des essais, des analyses, ils vérifient le taux des transaminases, et ils commencent par des petites doses, pour voir. Our alors, je connais des médecins fous : là t'as la dose ! Les gars sont contents.
Le Dr X met la gomme, quand tu sors de chez lui, t'en as pour 250 sacs de médicaments pour le mois.

JT : Et toi, tu as déjà eu un problème dans tes analyses ?
CA : Jamais. Il y a un toubib qui m'a dit : "Ben dis donc, t'as une santé de fer !"

JT : Oui, et il ne sait même pas tout ce que tu prends, parce que c'est pas lui qui te donne tout. Il y a des produits que tu te procures autrement.
CA : Voilà comment ça se passe.
Moi, d'abord, je sais ce qui me réussit. J'arrive au toubib avec ma feuille, il copie ! Je luis dis : "Voilà. Il me faut ça, j'ai besoin de ça pour une compète. "Alors, il me dit : "Ah, t'exagères ! Non, quand même !"
Bon alors on fait une analyse, on vérifie tout, le sang, la prostate, le sperme, pour voir si tout est OK. Et puis voilà, pas de problèmes. Mais de moi-même, je connais mes limites, je le sens quand j'ai des poussées d'acné, quand je deviens un peu trop nerveux ; parce que faut pas oublier que les anabos, ça joue aussi sur le psychisme. Bon, quand tu deviens nerveux, que t'as envie de foutre sur la gueule à tout le monde, t'as envie de te bastonner, y a un mec qui te met une queue de poisson dans la rue, tu as envie de lui rentrer dedans, bon, là c'est la sonnette d'alarme qui se met en route. Là, je me dis : "Tu fais fort, faut arrêter." Là j'arrête.

JT : Et, à la fin de la cure, tu te fais une petite g ?
CA : Plutôt pendant. Disons que je me fais une g à peu près toutes les trois semaines. Je ne fais pas une cure régulière.
Je me fais une injection quand je m'aperçois que j'ai un sperme un peu trop liquide. A ce moment là, je sens que j'ai un déficit au niveau de la spermatogenèse. Je le vois. Et puis, bon, je ne sais pas si je devrais le dire mais je change assez souvent de nana ; ça fait que ça m'autorétablit mon taux, je suis stimulé. C'est John Brown qui m'a donné cette technique. Tu as des mecs qui n'ont pas de nana, ou bien qui sont mariés, il y a un phénomène d'accoutumance, et ils ne tirent pas ; ça fait que les testicules rétrécissent, ils n'ont plus de libido, et c'est dur à revenir. Ce qu'il faut faire, c'est sans arrêt t'exciter, sortir, bouger.
Et c'est bon.


JT : Finalement, tout est dans le mental. Et c'est un sport très complexe.
CA : Oui, mais je ne pourrais pas rester sans m'entraîner. Je ne peux pas me voir de bon cœur perdre, par exemple, un centimètre de bras, ne plus faire des séries de squat à 150, des charges régulières au couché, etc. Si je pousse pas, j'ai pas le moral, ça va pas.

JT : Et tu attribues ça aux endorphines qui sont sécrétées par le cerveau quand on s'entraîne ?
CA : Oui, tout à fait. A certains moments quand je ne suis pas en cure, je lutte, je me dis que je veux être plus fort qu'un gars qui est en cure. Si tu veux, je me dope moi-même dans ma tête. Et je connais des copains qui s'entraînent avec moi, qui se shootent ; et je m'entraîne avec eux pour les dépasser. Car ça me motive quand je ne suis pas en cure. Je me dis : "fleur ! Y a pas de raison. Il faut que je fasse comme lui. Il pousse 180 au squat parce qu'il se pique. Faut que je les fasse !" Et je les fais. Et c'est moi qui le dénigre, après je lui dis : "Tu te rends compte ? T'es naze ! T'es chargé, et t'es naze ! C'est pas normal." Le mec je le descends.

JT : Oui, mais tu t'es chargé, et tu as eu ton muscle développé. Et même sans te recharger, tu conserves un acquis.
CA : Mais le gars, quand il entend ça, il se charge encore plus. Il me dit : "T'es un menteur. Tu dis que tu ne charges plus, et tu charges plus que moi. Dis-moi ce que tu prends, salaud !"
C'est sûr que quand tu as fait des barres étant chargé, tu dois pouvoir les refaire quand tu ne charges plus. Parce que t'as un point de repère. Et parce que tes muscles ont la mémoire de tes perfs. Tu te dis qu'il n'y a pas de raison que tu ne refasses pas tes barres, sous prétexte que t'as pas eu ta piqûre de p ou d'a, par exemple.

JT : Ce qu'il y a, c'est que la plupart des gars dépriment quand ils ne sont plus en cure, et ils repiquent au truc pour se sentir à nouveau forts. C'est là que ça devient dangereux pour la santé mentale. Mais l'alternative aux acides aminés n'est qu'une farce, un placebo d'après toi ?
CA : J'en sais rien. De toute façon, je prend toujours des trucs, ça oui. Je prends tout. Comme tout le monde, je prends des protéines de temps en temps. Mais j'y crois pas trop aux protéines : aux USA les champions n'en prennent jamais ; il paraît que ça catabolise, plus que ça anabolise.

JT : Oui, si tu prends des acides aminés free-form. Il faut prendre des peptides, autrement dit des protéines complètes, donc, en définitive, des aliments : du poisson, des œufs, du blanc de poulet, du fromage blanc maigre.
CA : Toutes ces pilules en pub dans les magazines, c'est du bizness. Mais tu peux pas dire ça à des jeunes dans un séminaire : parce qu'ils vont tous partir pour se charger. A quoi ils vont croire, après, tous ces jeunes ? Faut pas non plus tout dire ! C'est ça qu'est malheureux dans ce sport : cette hypocrisie. Et puis les gars, de toute façon, t'as beau leur dire que c'est l'entraînement, ils vont quand même croire que tu t'es chargé plus qu'un autre, et que t'as des secrets. Moi, j'ai un partenaire d'entraînement qu'est venu un jour en me disant : "Tu vois, aujourd'hui, je suis venu avec mon papier et mon crayon !" Et je lui ai répondu : "Mais y a rien. Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Je t'ai dit ce que je prends." – "Ah, non, non, non ! Ne me raconte pas d'histoires ! ne me fais pas croire que tu ne prends pas autre chose."
Alors que je ne cache rien. C'est l'entraînement, la bouffe, quelques suppléments et, OK, quelques fixateurs de protéines, mais c'est tout. Bon en période de prise de masse, et c'est normal, il y a quelques anabos ; mais, en dehors de ça, c'est l'entraînement. Des fois, en période de préparation de concours, c'est quatre heures à la salle, deux heures le matin, deux heures le soir."

Muscle mag n°4

Dopage Témoignage Partie 1

C'est vrai que ça doit être triste dans les salles d'entendre les conseils de certains qui ne s'appliquent pas à ceux qui les écoute. Et si tu viens essayer de rectifier, dans la mesure où t'es moins balèze on doit pas trop t'écouter. D'ailleurs Motivé avait écrit un truc à propos des salles de muscu et de la différence entre dopé et naturel : La super salle… Celle près de la pharmacie "On peut d'abord s'interroger sur la nécessité d'avoir à sa disposition la salle la mieux équipée possible pour réussir. Après tout, beaucoup de champions ont construit leur musculature avec une barre et des poids. C'est oublier un troisième ingrédient essentiel : les anabolisants. Se muscler, ça n'a rien à voir. C'est comme comparer un coureur à pied avec un cycliste. Avec son vélo, le cycliste même médiocre ira toujours plus vite et plus loin que le coureur à pied. Devant leur différence de résultats, le cycliste va même en arriver à se demander si ce n'est pas le coureur qui y met de la mauvaise volonté pour aller si lentement malgré une telle dépense d'énergie et d'efforts. Pourtant, dans les deux cas on ne peut pas dire qu'ils ne forcent pas tous les deux. Moralité : si vous êtes naturel, n'écoutez pas les conseils d'un anabolisé. L'entraînement en vélo n'a pas grand-chose à voir avec celui de la course à pieds, même si les buts sont communs : aller le plus vite possible et le plus loin possible grâce à ses efforts physiques. Si une salle peut paraître tout à fait correcte à un anabolisé, elle peut être tout à fait déficiente pour un culturiste naturel (entendez naturel dans le sens propre, pas dans celui qu'entendent les magazines US). Ne serait-ce que pour maintenir un haut niveau de motivation, le culturiste naturel doit avoir à sa disposition du bon matériel (le meilleur si possible) afin de bien sentir ses exercices et d'avoir la possibilité de souvent varier ses mouvements. Le culturiste anabolisé, lui, peut se contenter de moins (même s'il obtiendra de meilleurs résultats dans une bonne salle) car grâce aux produits il ressentira mieux le mouvement (même si ceux-ci sont moyens). Il gonflera et se sentira fort ce qui va le motiver sur le court terme. Il progressera aussi plus vite en masse, ce qui l'aidera à rester motivé pendant sa cure. Donc méfiez vous de ce qu'un "gros" appelle un bon établissement. Il fait peut-être référence à la pharmacie d'à côté plutôt qu'à une salle de gym."

Monde du muscle n°202

Tag(s) : #Dopage
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